PLANTES CARNIVORES DANS LES CAMPOS RUPESTRES (F. Rivadavia)
Vers la fin des vacances d'été 1991 - 1992 (l'été brésilien correspond à notre
hiver boréal), deux seulement des huit voyages que j'avais envisagés vers
l'intérieur du Brésil ont pu étre entrepris. Je décidai de renoncer aux randonnées
organisées et de voyager par moi-même avant de commencer ma deuxième année
de Biologie à l'Université de Sào Paulo.
Donc, le 21 février, je pris l'autocar pour l'état de Minas Gerais où je restai
jusqu'au 8 mars. Le principal motif de ce voyage était de voir la végétation de
"campo rupestre", que l'on trouve surtout dans la chaine d'Espinhaço dans les
états de Minas Gerais et de Bahia (approximativement entre 1100 et 2100m
d'altitude), région réputée pour son incroyable diversité d'espèces vépétales.
J'avais entendu parler des campos rapestres par mes professeurs de botanique
depuis que j'avais commencé mes études universitaires en 1991 et je décidai de
visiter les deux plus célebres régions de campos rapestres: Diamantina et la S. de
Cipo. Les campos rupestres se composent de plantes basses poussant dans des
conditions rigoureuses sur des sols de sable mélangé à des fragments de rochers.
Mais ceci est une généralisation car il y a, en réalité, une réunion de
micro-climats, telle une mosaïque. Ces différences sont principalement dues à la
composition des sols et à l'humidité. La chaine de l'Espinhaço est surtout formée
de quartzite mais en fait est plutôt une mosaïque géologique. Sur ces montagnes,
le sol varie du sable pur au roc nu, séchant très vite après les précipitations. Mais
cependant, I'eau est très abondante, suintant de tous cotés et formant une
multitude de ruisseaux. En conséquence, le sol varie continuellement, étant plus
ou moins sableux ou rocheux, mouillé ou sec. Il est difficile de définir les campos
rupestres. Je souhaitais photographier un "campo rupestre" typique mais je ne me
représentais pas au juste ce que c'était.
Me trouvant dans l'état du Minas Gerais, j'en profitai pour retourner au Parc
Naturel de Caraça (une troisième fois !). Je me disais que ce serait un crime
d'aller au Minas Gerais et de ne pas passer par Caraga ! Cette randonnée me
révéla pourquoi j'aimais tant ce site de Caraça: les contrastes ! Comme je l'avais
mentionné dans le premier article, Caraça est dans une zone de transition entre
les forêts humides de la côte et la savane brésilienne (cerrado). Mais il y a un
troisième type de végétation: le campo rupestre (dont j'avais entendu parler pour
la première fois après mon second voyage à Caraça). Je ne savais pas que c'était
ce qui poussait sur les pics de la chaine de Caraga où j'avais trouvé D. graminifolia,
G. violacea, U. reniformis et autres.
A ces contrastes biologiques, s'ajoutent des contrastes géographiques. Les
altitudes varient de 750 à 2100m. De vertes vallées sont environnées de hautes
montagnes miroitant au soleil avec de l'eau dévalant les arêtes rocheuses grises,
pour former plus bas de multiples cascades. Incroyablement froide, cette eau,
d'un brun-rouge est transparente et absolument pure. Certains disent que cette
couleur est due aux grandes quantités de fer dans les montagnes de Minas
Gerais, mais j'ai aussi entendu dire que ceci résulte de l'extrême acidité de l'eau,
conséquence de la décomposition de matière organique. Je ne sais quelle est la
vraie raison, mais j'ai vu que les cours d'eau des tepuis vénézuéliens ont aussi
cette étrange couleur. Si quelqu'un sait de façon certaine ce qui donne cette
teinte à l'eau, Je le prie de m'en faire part.
Par chance, j'ai bénéficié d'un temps excellent pendant mes deux semaines au
Minas Gerais, avec très peu de jours pluvieux. C'est rare en été !. Dans chacun
des trois sites, j'ai fait 10 à 25km de marche par jour. Les campos rupestres sont
merveilleux pour les excursions à pied en raison des paysages rocheux, de la
végétation basse, de l'abondance d'eau douce, et, le meilleur de tout, les plantes
carnivores y poussent comme de l'herbe !
A la S. de Cipo et Diamantina, je me suis "crevé" à tirer de mon sac à dos
l'appareil photo, le matériel de collecte, d'herbier, etc ... tous les quelques pas en
découvrant de nouvelles plantes carnivores ! Bien que celles-ci poussent comme
de l'herbe dans les campos rupestres, elles se trouvent limitées par des facteurs
que je n'ai pas pu déterminer. Chaque espèce pousse dans une grande diversité
d'habitats humides, en de rares cas seulement dans un habitat spécifique. Voici
ce qui causait ma perplexité : Bien que la plupart des plantes ne paraissent pas
trop difficiles en ce qui concerne les habitats, telle espèce pouvait être absente
dans des endroits qui semblaient pouvoir lui convenir et contenaient d'autres
plantes carnivores voisinant ailleurs avec l'espèce absente ! Très déroutant !
A Caraça, les campos rapestres se trouvent surtout au-dessus de 1700m et
cette confusion s'y observe également. Dans la vallée, de 1200 à 1500m, les
plantes carnivores poussent soit dans des marais ou dans des sites rappelant
le campos rupestre, proches des cascades, des ruisseaux et sur des versants
rocheux et humides. Voici une description des espèces rencontrées lors de ce
voyage avec leurs habitats (altitudes approximatives).
Drosera chrysolepsis
considéré comme endémique de la S. de Cipo, jusqu'à ce
que de récents prélèvements prouvent qu'il pousse aussi en divers sites du sud de
Bahia, à environ 500km au nord de la S. de Cipo (nous laissant avec une vaste
lacune dans son aire). Les plantes typiques ont des tiges atteignant 40cm mais
une forme sans tige a été trouvée récemment à la S. de Cipo. Je m'attendais à
voir la forme la plus commune, avec tige, qui est aussi la plus susceptible d'attirer
l'attention. Assez curieusement, je ne trouvais que des plantes sans tige,
poussant à 1300 - 1450m en des endroits très humides sablo-marécageux. Les
feuilles rougeâtres atteignaient 14cm de long, dont 3,5cm de limbe.
D. communis
trouvé dans les trois régions (Diamantina, S. de Cipo et Caraça)
avec des feuilles atteignant 2cm de longueur, poussant de préférence dans des
marais parmi les herbes, entre 1200 et 1450m. D. communis fleurit tout au long
de l'année et les fleurs d'un lilas plus ou moins clair sont portées par des hampes
délicates atteignant 25cm de haut. Selon l'intensité de la lumière, cette espèce se
présente sous deux aspects différents. Quand elles ne sont pas fortement
ombrées par les herbes, les feuilles d'un vert-rougeâtre sont semi-érigées et les
plantes atteignent 5cm de hauteur (ressemblant à D. intermedia). Sous des herbes
denses, les feuilles vertes sont prostrées et le limbe plus arrondi (ressemblant à
D. capillaris). A Caraça, j'ai trouvé un marais qui n'avait que des plants à fleurs
blanches, les premiers que j'aie jamais vus.
D. graminifolia
J'ai visité ma colonie bien connue à Caraça, sur le Mont Carapuça, où ces
droseras poussent à 1750-1850m, également sur sol sableux et sphagnum
orangé. A Caraça, ils fleurissent de Janvier à Mars. Les pédoncules velus, collants
atteignent 42cm de haut, ouvrant jusqu'à six fleurs roses (d'environ 1,5cm de
diamètre) simultanément sur des hampes ramifiées. De vieilles plantes ont des
tiges de quelques centimètres de longueur couvertes par les feuilles foncées. Peu
de plantes furent trouvées à Diamantina poussant sur sol sableux à environ
1200m, avec des feuilles filiformes atteignant 15cm de long (10cm de moins qu'à
Caraça). Aucune ne fleurissait, mais l'une de ces plantes a fleuri en culture en mai
et de nouveau en août, les fleurs étant rose foncé. La couleur des fleurs peut ne
pas être constante, mais une caractéristique qui différencie nettement les plantes
des deux stations est que celles de Caraça sont surtout verdâtres alors que celles
de Diamantina et d'autres sites dans la partie nordique de l'aire de cette espéce
sont plus attrayantes, étant rougeâtres. Bien que la S. de Cipo se trouve entre
Caraça et Diamantina, D. graminifolia n'a jamais été observé en cet endroit.
D. montana
très commun et extrémement variable dans les trois régions, se
rencontrant dans des habitats variés, de 1200 à 1500m. Les plantes atteignent
4cm de diamètre dans les endroits marécageux et seulement 1cm sur terrains
plus secs. D. montana est véritablement une espèce polymorphe et il y a eu
beaucoup de débats concernant la classification des différentes formes. J'ai pu
identifier quatre variétés: D. montana var. hirtella, var. tomentosa, var. montana
et ce que je crois étre une nouvelle variété.
Toutes semblent préférer fleurir en automne et en hiver, bien qu'elles puissent
être trouvées en fleur tout au long de l'année. J'ai trouvé la variété montana
fleurissant dans les trois régions. Les fleurs rose-lilas avaient environ 1 cm de
diamètre, portées sur des hampes atteignant 25cm de haut. La principale
différence entre les différentes variétés est dans les pédoncules qui ont
généralement des poils glanduleux avec ou non des poils non glanduleux en
quantités variables Les hampes de la variété hirtella sont couvertes de longs poils
blancs. Des poils à extrémité glanduleuse se trouvent dans la moitié supérieure
des hampes de la variété tomentosa alors que les poils non glanduleux dominent
dans la moitié inférieure (avec une transition progressive). La variété montana n'a
généralement que des poils glanduleux. Ces plantes que je suppose être une
variété nouvelle ont des hampes délicates densément couvertes de poils
glanduleux et les graines ont une forme différente de celles des autres variétés.
J'ai observé d'autres différences mais je ne suis pas sûr qu'elles soient toujours
vraies.
Apparemment, la variété hirtella pousse dans des habitats marécageux,
ensoleillés; elle a de plus grandes feuilles, des pétioles plus larges et elle est plus
vivement colorée. La variété tomentosa semble préférer des habitats plus
ombragés et elle n'est que légèrement rougeâtre. La variété montana pousse dans
une diversité d'habitats, généralement dans des endroits humides et sableux.
C'est la plus répandue et la plus variable de ces quatre variétés et elle cause
encore beaucoup de confusion. J'ai momentanément nommé la quatrième variété,
variété "dewy scape" (= hampe couverte de rosée), en raison de l'aspect du
pédoncule. Elle a été trouvée dans les états de Minas Gerais et de Parana. Les
feuilles sont plus étroites, les plantes plus petites, et elles préfèrent des habitats
ensoleillés, sableux mais pas trop humides; elles sont généralement bien colorées
comme la variété montana. Cependant, ce qui me convainc que celles-ci doivent
être distinguées des autres, c'est la forme plus arrondie des graines. Je tente
actuellement d'hybrider les variétés, espérant obtenir quelques réponses à cette
grande diversité Je pense que les quatre variétés sont présentes à Diamantina et
S. de Cipo. A Caraça, j'ai trouvé la variété tomentosa à 1300m et une plus
grande forme de cette variété tomentosa à 1400m. La variété montana n'avait
été observée qu'entre 1250 et 1350m, mais lors de ce troisième voyage, j'en ai
vu des milliers prospérant à 1750-1850m dans un campos rupestre (presque à
côté de D. graminifolia !).
D. sp. "Campo rupestre"
Je donne ce nom provisoire à une espèce que j'ai
découverte dans les campos nupestres à Diamantina et S. de Cipo entre 1250 et
1450m. Elle est assez commune, poussant souvent près de D. montana. Elle a des
rosettes plates, vaguement orangées, atteignant 3cm de diamètre, ressemblant à
D. spatulata. Les pédoncules en sont les caractéristiques essentielles. Tout d'abord,
ils sont entièrement orange-rouge et couverts de poils rouge foncé. Autre particularité :
ils commencent par pousser horizontalement sur quelques centimètres puis croissent
verticalement, leur longueur totale étant d'environ 30cm. Les fleurs sont rose-lilas
comme celles de D. montana, peut-être un peu plus foncées. Je pense qu'il s'agit du
vrai Drosera hirtella décrit par Saint-Hilaire, il y a plus de 150 ans. La raison pour
laquelle il a causé une telle contusion chez les botanistes est qu'il perd ses principales
caractéristiques (telles que la couleur) après la mise en herbier et finit par ressembler
à une fomme intemmédiaire entre D. montana et D. communis. J'ai vu cette espéce dans
l'herbier de mon université et j'ai remarqué qu'elle était différente des deux autres. Elle
est répandue au Brésil, poussant en Minas Gerais, Bahia et Goia.
Genlisea aurea
Je n'ai vu cette espéce que dans la S. de Cipo (bien qu'elle ait été
collectee aussi à Diamantina et Caraça) fommant de grandes rosettes de 5cm de
diamètre, couvertes de centaines de feuilles linéaires, mucilagineuses de 2cm de long.
Sur quelques plantes, les hampes glanduleuses, hautes de 30cm, portaient de
grandes fleurs jaunes (bien que l'hiver soit la période de floraison). Cette espèce
poussait dans des endroits marécageux, à 1350-1450m, généralement en
compagnie de D. chrysolepsis, D. montana var. hirtella et U. nana.
G. filiformis
Observé à Diamantina et S. de Cipo, en sites marécageux et sur sols
sableux, à 1200-1450m. Les feuilles avaient 2cm de long alors que les pédoncules
atteignaient 11 cm, portant des fleurs jaunes, parfois légèrement rosâtres.
G. pygmaea
trouvé aussi à Diamantina et S. de Cipo, sur sol sableux de 1200 à
1400m. Les feuilles de 2cm étaient couvertes de mucilage comme celles de G. aurea.
G. repens
rencontré sur terrain marécageux (spongieux) à S. de Cipo, à environ
1450m avec des feuilles atteignant 2,5cm de long et des hampes de 8cm portant des
fleurs jaunes. Il pourrait avoir été vu à Diamantina également mais je le confondais
avec G. filiformis.
G. violacea
Les feuilles atteignaient 1,5cm de long et les pedoncules 25cm. A Caraça, ces plantes
poussaient parmi des sphaignes et autres mousses de 1250m à 1850m (étant plus
fréquentes aux altitudes les plus élevées).
A Diamantina elles se trouvaient aussi dans les mousses, mais plus couramment en
sol sableux de 1200 à 1400m. Dans la S. de Cipo, je ne les ai rencontrées que sur
terrain sableux à peine humide, de 1400 à 1500m.
Utricularia amethystina
Commun également dans les trois sites, poussant dans des
habitats variés de 1200 à 1400m à Diamantina, de 1300 à 1450m dans la S. de
Cipo et de 1250 à 1850m à Caraça. Les fleurs étaient violettes avec une tache jaune
orangé sur la lèvre inférieure à Diamantina. A Caraça et S. de Cipo, elles étaient
violacées avec un peu de blanc autour d'une tache jaune. Les hampes florales
atteignaient 18cm de long à Diamantina, 31cm à S. de Cipo et 10cm à Caraça (bien
qu'en culture, ces dernières plantes aient produit des hampes dépassant 25cm).
U. hispida
trouvé à Diamantina et Caraça, poussant pammi les herbes dans des
endroits marécageux entre 1200 et 1300m. Les hampes atteignaient 70cm (à
Diamantina) et 80cm (à Caraça), portant des fleurs d'un jaune pâle à un blanc terne.
Les feuilles filiformes étaient plus courtes que les hampes.
U. laciniata
Les jolies fleurs violettes avec une ou deux taches jaune orange sur la
lèvre inférieure (I'une au-dessus de l'autre) s'épanouissent isolément à l'extrémité des
hampes hautes de 10cm. Cette espéce poussait aux environ de 1400m dans la S. de
Cipo et entre 1400 et 1850m à Caraça, généralement dans des campos rupestres
dégagés, sur sols sableux. C'est seulement en revenant de Sào Paulo que j'ai identifié
cette plante. J'en avais trouvé de semblables à Diamantina et pensais que celles
venant des trois stations étaient U. purpureocaerulea, puisqu'elles n'avaient pas la
lèvre inférieure lobée présentée pour U. Iaciniata dans la monographie de Taylor -
avec quelques rares exceptions à Caraça.
Il s'avéra que seulement celles de Diamantina étaient U. purpureocaerulea avec de
petites écailles entières et non frangées sur la base du pédoncule.
U. nana
Souvent présent sur sol sableux, très humide à Diamontina et S. de Cipo de
1200 à 1350m, avec fleurs jaunes isolées, sur pédoncules de 4cm.
U. neottioides
Ne se trouve que sur rochers submergés dans de l'eau courante
froide et acide. Rencontré dans les trois sites à 1200 - 1450m. Les pédoncules
atteignent 25cm et les fleurs sont de couleur crème.
U. nervosa
fut trouvé sur sol sableux et dans un marais à Diamantina de 1200 à
1250m, avec des fleurs jaunes sur des hampes de 39cm.
U. parthenopides
Pousse à mi-ombre en sol sableux sur des pentes rocheuses de
1300 à 1350m à Caraça. Les pédoncules atteignant 7,5cm portent des fleurs
isolées lilas clair avec un point jaune orange sur la lèvre inférieure. Ceci confirme
le "saut" apparent de cette espèce du sud de Bahia jusqu'à Caraça, ce dont
Taylor était incertain dans sa monographie.
U. praelonga
trouvé parmi les herbes dans des marais de 1200 à 1350m, à
Caraça. Fleurs d'un jaune vif sur des hampes atteignant 82cm et feuilles
filiformes.
U. pubescens
Cette espèce pousse sur les berges ombragées de cours d'eau en
sol sableux, de 1250 à 1350m, à Caraça, parfois sous l'eau. Echelonnées le
long de la moitié supérieure de hampes atteignant 15cm, les fleurs violettes ont
deux taches jaunes sur la lèvre inférieure (I'une au-dessus de l'autre).
U. purpureocaerulea
Pousse abondamment aux environs de Diamantina, surtout
en sable pur, à 1200-1400m. Les pédoncules atteignaient 12cm portant des
fleurs isolées, lilas-pourpre avec une tache jaune sur la lèvre inférieure. Il est
difficile de croire qu'il ait été collecté en de si rares occasions, ainsi que l'écrit
P. Taylor dans sa monographie.
U. reniformis
Trouvé seulement à Caraça, poussant le mieux sur sphagnum
(avec G. violacea et D. graminifolia) et sur matières organiques décomposées, à
mi-ombre dans les buissons à 1800m. Les feuilles y atteignent 45cm de haut et
le limbe 1Ocm de large. Les fleurs se balancent à l'extrémité de hampes
atteignant 105cm de long; elles sont extraordinairement belles ! Elles peuvent
atteindre 5cm en hauteur et largeur, d'une couleur variant du lilas pâle au violet.
Sur la lèvre inférieure s'allongent deux rayures jaunes verticales, chacune à
l'intérieur d'une bande blanche, qui est parfois cernée d'un anneau violet foncé.
U. reniformis pousse également sur des rochers humides recevant les nuages de
gouttelettes des cascades, à mi-ombre ou ombre dense, de 1250 à 1800m ;
dans ce cas, les feuilles sont pratiquement sessiles et larges seulement de
quelques centimètres. Dans cette situation, je n'ai jamais trouvé de plantes en
fleur.
U simulans
Cette espéce poussait en sol sableux-boueux à Diamantina et S. de
Cipo de 1200 à 1350m avec des fleurs sur des hampes de 11cm. Les lobes
frangés du calice sont la caractéristique dominante de cette espèce.
U. subulata
la pire des mauvaises herbes parmi les plantes carnivores. Pousse
n'importe où et partout dans les trois sites avec fleurs jaunes sur des hampes
atteignant 15cm.
U. tricophylla
pousse en eau profonde dans des endroits marécageux vers 1200m
à Diamantina et 1400m à S. de Cipo avec fleurs jaunes sur hampes jusqu'à
20cm.
U. tricolor
trouvé à Diamantina de 1200 à 1350m, le plus souvent parmi les
sphaignes, sur sol sableux, à côté des cours d'eau, portant des fleurs de violet à
lilas avec une tache jaune ou jaune orange sur la lèvre inférieure, au sommet de
hampes allant jusqu'à 40cm. A la S. de Cipo, trouvé à 1300 - 1450m, poussant
dans les herbes dans des endroits très humides, sableux, ou en marais, avec des
hampes florales atteignant 62cm.
U. triloba
pousse dans les trois sites, à 1150m - 1450m avec des hampes
atteignant 25cm. Je ne l'ai jamais remarqué à Caraça en raison de son extrême
ressemblance avec U. subulata.
U. sp. "PYGMY-AMETHYSTINA"
probablement désigné comme étant U. hirtella,
cette espèce est maintenant considérée comme un synonyme d'U. amethystina
par Taylor. On la trouve dans les trois sites, sur sol sableux-boueux de 1200 à
1450m, mais jamais près d'U. amethystina, de laquelle elle est distinctement
différente, sur le terrain. Elle est plus petite, avec des pédoncules pouvant
atteindre 17cm mais généralement plus courts. Les fleurs sont plus menues,
variant de lilas-clair à blanc et jaune pâle.
Dès que je revins de Minas Gerais en mars, je trouvai cette espèce poussant
parmi d'autres plantes carnivores provenant du Parc National des Emas et je
réalisai bientôt que c'était l'espèce à fleurs blanches que j'avais trouvée à la
Chapada dos Guimaraes en 1991.
Ce voyage s'avéra étre la plus fructueuse recherche de plantes carnivores que
j'aie jamais faite, avec 27 espèces trouvées ! Ce fut également le meilleur de tous
mes voyages à l'intérieur du Brésil. Comme j'étais seul, je pouvais m'arrêter à
mon gré sans importuner d'autres personnes non intéressées par ces plantes et
demandant de continuer la route, ni à me tracasser pour des lambins me
retardant. Pour réduire la charge pendant le voyage, j'ai envoyé diverses boîtes
contenant des plantes par courrier rapide (qui est supposé arriver le jour suivant) à
un ami de Sào Paulo et je dépensai pas mal d'argent pour cela. Malheureusement,
pour des raisons qui me sont inconnues, les plantes de Diamantina prirent cinq
jours pour arriver pendant que celles de S. de Cipo mirent huit jours. Je n'avais
pas prévu cela et ne m'inquiétais pas pour les plantes très mouillées, pensant
qu'un jour d'acheminement ne poserait aucun problème. Le résultat fut que je
perdis 30 % des plantes de Diamantina et 60 % de celles de la Serra de Cipo. Les
Droséras s'en tirèrent le mieux mais la plupart des Genliseas périrent. Bon, de tels
désastres ne font que stimuler mon désir de repartir là-bas dès que possible et
d'explorer ces régions de façon plus approfondie.
DIONÉE 27 - 1992
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